La Fondation Maladies Rares est une fondation de coopération scientifique à but non lucratif ayant pour missions d’accélérer la recherche sur les maladies rares et contribuer à l’amélioration de la prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients.

Le 27 juin 2023, la Fondation a organisé son colloque scientifique annuel axé sur la recherche, au Collège de France à Paris. Une occasion de réunir les experts du domaine des maladies rares pour découvrir, et présenter les nouveaux enjeux de la recherche sur ces pathologies. Le Pr Jacques Beckmann, président du Conseil scientifique de la Fondation, a introduit cette journée qui a mis en lumière des projets particulièrement innovants avec différentes keynotes, sessions, et un espace d’exposition consacré aux posters scientifiques.

Le Pr Guillaume Canaud, de l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP), lauréat du Prix Galien 2022, a pu exposer son travail de repositionnement de traitement dans le cadre des syndromes de surcroissance (CLOVES et Klippel-Trenaunay) et son étude publiée en 2018 qui démontre l’efficacité du BYL719 (alpelisib), inhibiteur de la voie PIK3CA responsable de la surcroissance des cellules (développé dans le cadre du cancer du sein), précédemment testé avec succès sur des modèles murins de souris PROS/CLOVES.

Cet inhibiteur développé par Novartis a été administré dans le cadre d’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) compassionnelle en France pour les 19 patients les plus sévères chez lesquels le pronostic vital pouvait être engagé. Pour l’ensemble des patients traités, avec un suivi rigoureux (scanner, IRM, etc.), au niveau mondial, la réponse au traitement est nettement visible par la diminution, la régression des malformations, en clinique avant l’imagerie, même si les malformations vasculaires profondes sont toujours présentes. Ces résultats sont réversibles à l’arrêt du traitement.

Les résultats sont si probants que l’Agence américaine du médicament (FDA pour Food and Drug Administration) a approuvé en 2022 ce traitement dans les syndromes d’hypercroissance liés à une mutation du gène PIK3CA. À l’heure actuelle, plus de 150 patients sont en cours de traitement par cette molécule à l’hôpital Necker-Enfants Malades. L’équipe attend avec impatience l’autorisation de mise sur le marché en Europe qui nécessite de plus amples études.

Pr Guillaume Canaud – Avancées récentes dans les syndromes de surcroissance

Le Pr Andoni Echaniz Laguna, coordonnateur du CRMR des neuropathies amyloïdes familiales à l’hôpital Bicêtre (AP-HP), a présenté les innovations thérapeutiques dans l’amylose héréditaire à TTR. Cette pathologie rare est due à des mutations dominantes sur le gène de la TransThyRétine (TTR) qui entraine des dépôts amyloïdes qui engagent à terme le pronostic vital des patients.

En 20 ans, de la greffe hépatique qui était le seul traitement, de nombreuses molécules innovantes sont apparues avec des modes d’administration de plus en plus faciles : inotersen, patisiran, vutrisiran, eplontersen et depuis très récemment un essai de genome editing par les CRISPR/Cas9 (ciseaux moléculaires) est en cours d’inclusion pour étudier notamment les effets « off target » (hors cible). Cette piste est très attendue des patients car elle permettrait, grâce à une unique dose, la guérison.

Pr Andoni Echaniz Laguna – L’amylose héréditaire à TTR

Le Dr Nathalie Angeard, du laboratoire mémoire, cerveau et cognition (LMC2, Université Paris Cité) a pu introduire un jeu de réalité virtuelle (serious game) qui permet d’aider les patients atteints de troubles de cognition sociale dans la forme infantile de la DM1 (ou myopathie de Steinert). Cette pathologie affecte le raisonnement, les capacités et les interactions sociales. Ce programme permet d’étudier les désirs, croyances et fausses croyances dans le contexte familier de cours d’école afin d’aider les enfants à identifier comment réagir à chaque contexte social.

Le Pr Stéphanie Mazza, de l’Université Lumière de Lyon a abordé, quant à elle, l’étude NarcoScol NarcoVitae menée dans l’ensemble des centres de référence et de compétence de la narcolepsie et hypersomnie, en lien avec l’association ANC. Cette étude inclut des patients pédiatriques et adultes afin d’étudier leur parcours scolaire et professionnel.

Pour conclure cette session, le Dr Sébastien Ruffié, de l’Université des Antilles, a présenté l’impact de la drépanocytose sur la participation sociale de jeunes en Guadeloupe. L’étude porte sur les facteurs personnels et environnementaux et montre notamment que la participation globale est significativement inférieure au groupe témoin comme pour la pratique du sport, d’une activité physique. 

En ouverture de l’après-midi, a eu lieu la session de remise des prix de recherche dans les maladies rares :

  • Le Prix « Maladies Rares & Douleur » soutenu par la Fondation Apicil a récompensé le Dr Nicolas Cenac de l’Institut de Recherche en Santé Digestive (IRSD) à Toulouse pour son projet « Intérêt thérapeutique des métabolites issus du microbiote intestinal dans la douleur viscérale associée à la pseudo obstruction intestinale chronique (POIC) chez l’enfant METADOLOMIC » ;
  • Le Prix « ARN interférent et Maladies Rares » décerné par Alnylam Phamaceuticals est venu soutenir le Dr Loïc Guillot exerçant au Centre de Recherche scientifique Saint-Antoine (CRSA) à Paris pour l’« Évaluation préclinique d’un micro-ARN comme agent anti‑inflammatoire, favorisant la réparation épithéliale et limitant l’infection dans la mucoviscidose » ;
  • Enfin, le Dr Souror Senoussaoui de Novo Nordisk, est venue annoncer le lancement d’un nouveau prix.
Dr Nicolas Cenac – POIC
Dr Loïc Guillot – Mucoviscidose

Cette session a mis en lumière des mécanismes physiopathologiques et des nouvelles voies thérapeutiques qui pourraient faire révolutionner la prise en charge diagnostique et thérapeutique des maladies rares et par rebondissement de pathologies plus fréquentes.

Le Dr Cécile Voisset, de l’unité Génétique Génomique fonctionnelle et Biotechnologies – GGB (UMR 1078) qui consacre ses études aux protéinopathies dont Alzheimer, et Parkinson, a pu montrer la stratégie d’identification  de molécules anti-prions qui vont modifier le repliement de la protéine et donc son action comme dans la dystrophie musculaire oculo pharyngée (DMOP) qui est due à une extension d’alanine.

Le Dr Frédéric Relaix, de l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale (IMRB), a pu présenter les modèles animaux de la dystrophie musculaire de Duchenne (myopathie) qui permettent d’étudier le muscle, son vieillissement, ses mécanismes de réparation.

La session s’est conclue par le Dr Fiorella Grandi, de l’Institut de myologie à Paris, qui s’intéresse à l’épigénétique des tissus musculaires et de la moelle épinière pour l’amyotrophie spinale (ou SMA). Elle a pour ce faire, abordé les vecteurs utilisés comme les adénovirus et l’onasemnogene abeparvovec utilisé en thérapie génique pour la SMA de type I et II.

Dr Frédéric Relaix – Modèles de rats atteints de la dystrophie musculaire de Duchenne

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