Webinaire REPRAN (Réseau pathologies respiratoires agricoles national) – 8 juillet 2025
Par Raymond Bykoukous, conseiller prévention – MSA Île-de-France

Pourquoi s’intéresser aux poussières en agriculture ?

Souvent invisibles, banales en apparence, les poussières représentent pourtant un risque majeur pour la santé des professionnels agricoles. Inhalées au quotidien, qu’elles soient d’origine végétale, animale ou chimique, elles peuvent entraîner des pathologies parfois graves : allergies, bronchites chroniques, asthme professionnel, voire cancers dans certains cas.

Prévenir l’exposition aux poussières, c’est protéger les travailleurs, améliorer les conditions de travail et répondre à ses obligations réglementaires..

Poussières : quelles tailles, quels risques ?

Les poussières sont toxiques car en suspension dans l’air et inhalables. Selon leur taille, elles pénètrent plus ou moins profondément dans l’appareil respiratoire :

Fractions de poussièretaille (diamètre)effet santé principalexemples agricoles
inhalable<100 μmreste dans le nez, la gorge, les voies respiratoires supérieures. Provoque irritation, rhinites, allergies.Poussières de foin, paille, poussières grossières en stabulation bovine ou lors du paillage agricole.
thoracique<10 μmPénètre jusqu’aux bronches, risque de bronchite chronique, asthme.Poussières végétales fines (lin, céréales), poussières en scierie.
alvéolaire<4 μm
>à, 0,01 μm
Atteint les alvéoles pulmonaires, risques de BPCO, fibrose, cancers professionnels.Silice cristalline, poussières de lin très fine, poussières de bois très fines, fibre d’amiante.

Sources : INRS

Les autres catégories d’aérosols retrouvés en atmosphère de travail : les fumées, les brouillards, les bioaérosols.

Le cadre réglementaire : ce que dit le Code du travail

Les principes généraux de prévention (articles L.4121-1 et suivants) imposent une logique d’action hiérarchisée :

  • éviter le risque
  • évaluer les risques
  • combattre à la source
  • adapter le travail à l’homme
  • tenir compte de l’évolution technique
  • remplacer ce qui est dangeureux
  • planifier la prévention
  • donner priorité aux protections collectives
  • former et informer

VLEP – Valeurs limites d’exposition professionnelle

Articles R.4412-149 et suivants du Code du travail

En l’absence de VLEP spécifiques, les valeurs génériques s’appliquent :

  • Poussières inhalables totales : 4 mg/m³ (sur 8 heures)
  • Poussières alvéolaires : 0,9 mg/m³ (sur 8 heures)

Ces valeurs s’appliquent dans tous les locaux à pollution spécifique : bâtiments d’élevage, silos, ateliers bois, etc.

Des cas concrets pour mieux comprendre

Le webinaire a présenté plusieurs situations représentatives du terrain agricole :

Agir efficacement : une démarche de prévention complète

Le webinaire a proposé une analyse SWOT pour identifier les forces, faiblesses, opportunités et menaces de la prévention des poussières en agriculture :

  • Forces : outils MSA, études terrain partenaires CRAM, labiratoires de recherche/analyse (mesure d’empoussièrement, VLEP, préconisations), aides cofinancées pour intallation.
  • Faiblesses : coût initial (1000 – 50 000 euros), banalisation du risque. Contrairement aux scieries classées ICPE, peu de bâtiments agricoles hors silos sont soumis à des contrôles strictes de ventilation.
  • Opportunités : modernisation, renforcement réglementaire, considérations sociétales (pollution atmosphérique).
  • Menaces : habitudes, culture de la prévention de la filière, isolements des exploitants.

En conclusion

Les poussières sont des risques invisibles mais aux effets bien réels.
Plus l’action est précoce, plus la prévention est efficace.

Il est essentiel d’agir dès la conception des bâtiments, lors de l’achat des équipements ou dans l’organisation des chantiers. La prévention est un investissement rentable, tant pour la santé que pour la performance et l’image des exploitations.

Elle s’accompagne d’une surveillance médicale, notamment des populations les plus vulnérables.