Le premier rendez-vous de la filière génomique s’est déroulé le 15 mars et a réuni autour du Pr Antoine Tesnière, directeur de PariSanté Campus (Paris 15ème), des acteurs de la recherche, des industriels du médicament, des start-ups, des investisseurs, des universitaires et des décideurs publics. Il avait pour thème : quelles priorités pour développer la filière génomique française ?
Le Pr Gilles Bloch, président directeur général de l’INSERM, président d’AVIESAN, a ouvert cette matinée d’échanges en évoquant la médecine génomique à l’horizon 2030 qui irait au delà des maladies rares et des cancers avec un changement d’échelle au niveau des technologies, de l’ADN et de l’ARN, la transformation numérique, la diminution des coûts d’un facteur 10 à 100, les défis des essais thérapeutiques innovants, de l’intelligence artificielle, des “jumeaux biologiques” avec l’émergence des organoïdes (structure cellulaire qui imite en 3D des organes humains complexes dans un milieu de culture approprié).
2 tables rondes, riches de points de vue complémentaires, ont suivi :
Le député du Gard, président du groupe d’études maladies rares à l’Assemblée nationale, Philippe Berta a soulevé la nécessité de faire entrer les plateformes privées avec leur puissance de feu pour les analyses de données, les diagnostics car la France prend du retard et toutes les forces doivent converger. Andrew Alston, vice-président des ventes EMEA pour Illumina a quant à lui rappelé que la France a énormément d’atouts dans les domaine de la recherche et qu’il faudrait simplifier les procédures pour maintenir un cercle vertueux qui mène de la séquence du génome aux thérapies adéquates.
Frédérique Nowak, coordinatrice du Plan France Médecine Génomique 2025 (PFMG2025) a présenté les 2 premiers laboratoires de séquençage à très haut débit SeqOIA et AURAGEN qui ont introduit la médecine génomique dans le soin ainsi que le Collecteur Analyseur de Données (CAD) qui doit permettre à terme d’aider à l’interprétation des données et faciliter les études sur ces données.
Frédéric Revah, directeur général de Généthon a retracé l’histoire du Téléthon qui grâce à ses propres ressources a conduit à ces progrès en médecine génomique. Il déplore le départ du savoir dans des biotechnologies étrangères et le prix des thérapies innovantes, qui bien que développées en France ne bénéficient pas aux patients français faute d’accord sur les prix.
Amaury Martin, administrateur du GCS SeqOIA, a pu présenter la plateforme dans le cadre du PFMG2025 et remettre en cause le modèle de centralisation des données au profit d’un modèle ou les données seraient fédérées avec des accès coordonnés.
Jérôme Sallette, directeur de Cerba HealthCare a explicité les missions de séquençages réalisées en lien avec le PFMG2025.
Pour conclure cette table ronde, Jennifer Del Giudice, ingénieure logiciel principale pour Illumina a porté la voix des startups, la sienne ayant été rachetée en 2020 par Illumina. Elle a développé certains aspects comme leur capacité d’adaptation, leur flexibilité accrue mais aussi la nécessité de les soutenir. Selon elle, il faut avoir une vision à 5 ans des technologies dont on ne pourra pas se passer.
Antoine Tesnière, directeur de PariSanté campus, a présenté ce nouveau lieu qui va rassembler cinq opérateurs publics (l’Inserm, l’Université PSL, l’Inria, le Health Data Hub, l’Agence du Numérique en Santé) et des partenaires privés de la recherche et de l’innovation et a rappelé le besoin que les acteurs actuellement dispersés puissent travailler ensemble.
Anne Jouvenceau-Bester, directrice de recherche à l’Inserm, a présenté plus en détail le Collecteur Analyseur de Données (CAD) introduit par Frédérique Nowak dans la 1ère table ronde en précisant que l’objectif côté recherche sera de pouvoir réutiliser les données, faire de la science ouverte en rendant les données accessibles à tous en garantissant leur désidentification et l’éthique.
Christophe Lanneau, directeur recherche et plateformes de Genopole a présenté l’écosystème local d’Evry avec sur un même territoire, le centre national de séquençage Genoscope (CEA), l’hôpital Sud francilien, des startups, le Généthon, Yposkesi et les écoles en numérique comme l’ENSIIE. Avec Guillaume Buwalda, cofondateur de SeqOne, ils ont pu aborder la problématique de valorisation des données (quel axe ? quel cadre réglementaire ? éthique ? quelle équité ? quelle transparence ?), leur standardisation, leur qualité avec souvent des données très hétérogènes, difficilement exploitables.
La matinée s’est achevée par des échanges nourris avec la salle avec pour certains la volonté de voir des cliniciens, des acteurs du soin, présents lors de la future édition.
Tous donnent rendez-vous à l’année prochaine !